La récession devrait être moins forte que prévu pour 2020 (chute de 10,2% du PIB contre 11,4% anticipé), mais la situation sanitaire, moins favorable qu’attendu, pourrait peser sur la reprise en 2021, estime Bercy. L’an prochain, les dépenses publiques atteindront 58,5% du PIB.

Le gouvernement est légèrement moins pessimiste sur l’ampleur de la crise. Il s’attend désormais à une chute de 10% du PIB cette année, contre 11% auparavant, selon une prévision dévoilée mercredi par Bercy en amont de la présentation du projet de budget 2021.

Pour autant, le rebond du PIB devrait atteindre 8% l’an prochain, soit une estimation inchangée par rapport à celle du mois de juillet. Or, cette dernière ne prenait alors pas en compte le plan de relance de 100 milliards d’euros dévoilé début septembre.

 Si le gouvernement intègre désormais l’impact attendu du plan, dont un tiers doit être dépensé en 2021 et permettre de gagner 1,5 point de PIB, on constate donc à Bercy que la situation sanitaire « n’est pas aussi favorable » que ce qui avait été envisagé.

Le regain de l’épidémie risque de peser sur la reprise engagée dès cet été, avec un rebond de la consommation des ménages ou de la production industrielle.

 « La résurgence de l’épidémie nous fait penser que la consommation de certains biens, en particulier les voyages, les services culturels ou l’événementiel, sera plus longue à revenir à la normale », estime-t-on à Bercy.

 A cela s’ajoutent les incertitudes internationales, avec les négociations compliquées sur le Brexit ou les élections américaines.

« Fin 2021 l’économie française ne sera plus qu’à 2,7 points » du niveau de PIB de la fin 2019, avant l’apparition de l’épidémie de Covid-19 dans le pays, selon Bercy. Un écart suivi de près par le gouvernement, qui s’est fixé comme objectif de retrouver d’ici à fin 2022 le niveau d’avant-crise.

 800.000 destructions d’emplois en 2020

Ces prévisions du gouvernement restent, pour 2020, plus prudentes que celles de l’Insee (-9%), de la Banque de France (-8,7%), ou de l’OCDE (-9,5%) mais elles sont en revanche plus optimistes pour l’année prochaine, la Banque de France tablant sur un rebond de 7,4% et l’OCDE de 5,8%.

Sur le front du chômage, le gouvernement table sur une destruction de 800.000 emplois cette année, qui aurait été bien plus importante sans les mesures d’urgence comme le chômage partiel, affirme-t-on à Bercy, avant 320.000 créations en 2021.

La meilleure reprise de l’activité depuis l’été va en tout cas limiter la chute des recettes fiscales et sociales, et le déficit public et la dette devraient ainsi gonfler un peu moins que prévu en 2020, même si depuis cet été de nouvelles dépenses ont dû être prises en compte (dépenses de santé, nouvelles annulations ou reports de charges, dont une partie ne sera peut-être jamais remboursée, etc.)

Le déficit public est ainsi attendu à 10,2% du PIB cette année (contre 11,4% anticipé jusqu’ici), et la dette à 117,5% cette année, soit moins que les 120,9% anticipés auparavant.

L’an prochain, le déficit serait ramené à 6,7% du PIB, un niveau un peu plus élevé que ce qui était anticipé en juillet (5,5%), quand le gouvernement n’incluait ni les dépenses du plan de relance, ni celles issues du Ségur de la santé. La dette publique serait elle ramenée à 116,2% du PIB en 2021. Le gouvernement compte ramener les dépenses publiques à 58,5% du PIB l’an prochain, contre 62,8% cette année.

Ces prévisions macroéconomiques seront transmises au Haut conseil des finances publiques, qui rendra un avis sur le scénario retenu par le gouvernement pour établir son budget 2021. Celui-ci sera dévoilé lundi 28 septembre.

 

 Source : Par AFP, La Tribune.