Dans l’attente d’une vie des affaires débarrassée des contraintes de la crise sanitaire, pourquoi ne pas mettre l’année 2021 à profit pour numériser votre activité ?

La numérisation portée par la crise

Un an après, on constate que la crise économique liée à la pandémie a été un accélérateur de la numérisation des entreprises. Les bons résultats du e-commerce en 2020 reflètent la digitalisation forcée des commerçants et les nouvelles habitudes de consommation des clients en temps de crise sanitaire.

17 400 sites de commerce de détail ont été créés en 2020. Mais selon une étude récente, seule une TPE sur cinq a profité de cet élan de digitalisation porté par la crise (IFOP, Les dirigeants de TPE et la digitalisation de leur entreprise, janvier 2021). Pourquoi pas vous ?

Différentes façons de numériser son activité. Les ventes en ligne ont permis à de nombreux commerces physiques fermés de conserver une activité. C’est pourquoi l’État multiplie les aides pour inciter les entreprises à se lancer. La crise du covid-19 apparaît comme l’occasion de « booster » une transformation digitale qui était de toutes façons nécessaire pour bon nombre d’entreprises.

Mais numériser son activité, ce n’est pas forcément faire de la vente en ligne, qui n’est pas nécessairement adaptée à votre activité. Cela peut aussi consister à créer un site « vitrine » ou investir les réseaux sociaux pour promouvoir vos produits et services et surtout tenir vos clients au courant de votre activité durant cette période particulière (horaires d’ouverture, produits disponibles, nouveaux services, etc.), au gré des restrictions adoptées. Les outils digitaux peuvent ainsi vous être utiles pour gagner en visibilité auprès de vos clients et prospects, augmenter votre notoriété, mais aussi pour améliorer votre gestion (outils de gestion des stocks, de prise de rendez-vous, de communication, etc.).

Profiter des opportunités ouvertes

Pour que ces projets ne grèvent pas trop votre trésorerie, il peut être opportun de profiter des diverses aides déployées en ce moment par les pouvoirs publics en faveur de la transformation digitale des entreprises.

Diagnostic gratuit. Pour savoir dans quelle direction vous souhaitez aller, peut-être est-il nécessaire de passer par l’étape du diagnostic de vos besoins ? Sous réserve d’avoir deux ans d’existence légale et un minimum de 20 000 euros de chiffre d’affaires, vous pouvez bénéficier gratuitement d’un diagnostic numérique approfondi d’une demi-journée. Réalisé par la chambre consulaire de votre département, ce diagnostic vous permettra d’identifier les besoins de votre entreprise et de formaliser un plan d’actions sur plusieurs mois. Une prestation d’une valeur de 600 € qui doit aussi vous orienter vers les aides et dispositifs les plus pertinents pour votre entreprise.

Aide de 500 €. Le chèque numérique de 500 € par exemple, si votre commerce a été fermé au public lors du confinement de novembre 2020. Sous réserve de remplir certaines conditions, cette aide forfaitaire peut vous être accordée sur présentation de factures pour des dépenses engagées dans une démarche de numérisation. Achat d’un nouveau logiciel de caisse, d’une solution de prise de rendez-vous, de gestion des stocks, des commandes ou livraisons, création d’un site de vente en ligne ou d’un site « vitrine », solution de paiement en ligne, adhésion à une place de marché, ou encore accompagnement à la numérisation par un prestataire… Les dépenses éligibles sont foison. Reste à faire votre choix. Mais ne tardez pas trop car cette aide est fournie dans la limite des crédits disponibles !Sachez-le :initialement réservée aux hôtels et aux TPE de moins de 11 salariés fermées pendant le confinement de novembre 2020, cette aide va être étendue à toutes les entreprises de moins de 11 salariés. De plus, toutes les entreprises concernées pourront présenter des factures établies jusqu?au 30 juin 2021 (au lieu du 31 mars 2021). La demande d’aide doit être adressée à l?Agence de services et de paiement (ASP), via un téléservice, jusqu?au 28 mai 2021 pour les factures antérieures au 28 janvier 2021, et dans les 4 mois pour les factures postérieures.

Garantie de prêt. Vos projets de numérisation sont plus ambitieux ? Le recours au crédit peut-être nécessaire. Si votre entreprise existe depuis trois ans et emploie moins de cinquante salariés, vous pouvez bénéficier, pour faciliter l’obtention d’un crédit, de la garantie France num jusqu’à 50 000 €.

Actions de formation. Vous pouvez aussi, plus modestement, miser sur la formation, la vôtre et/ou celle de vos collaborateurs. Vous aurez jusqu’à fin 2023 pour bénéficier, sans débourser d’argent, d’actions de formation et d’accompagnement pour engager un processus de transformation numérique. Une occasion d’expérimenter un usage ou une solution numérique répondant à un besoin concret (ex. : mise en place d’un outil de suivi des stocks, de vente en ligne ou de signature électronique).

Maîtriser les risques liés au numérique

Formidable levier de développement du chiffre d’affaires en cette période, la numérisation de l’activité ne va pas sans certaines contraintes et obligations nouvelles.

Respect sans faille des données personnelles

Que vous exploitiez un site de vente en ligne, un site « vitrine » ou une simple page professionnelle sur un réseau social, vous êtes susceptible de collecter des données personnelles des utilisateurs qui naviguent dessus. Il faut donc vous assurer que le traitement de ces données respecte scrupuleusement la réglementation en vigueur.

Ces temps-ci, cela concerne en particulier l’usage des cookies et autres traceurs. À l’automne 2020, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a actualisé ses lignes directrices en la matière, laissant aux acteurs concernés un délai de six mois pour se conformer à ses recommandations. Elle a récemment rappelé que ce délai expirant le 31 mars 2021 ne serait pas prolongé.

Depuis cette date, aucun traceur non essentiel au fonctionnement du service ne peut être déposé sur l’appareil d’un utilisateur s’il n’y a pas consenti par un acte positif clair. De plus, les internautes doivent être en mesure de retirer leur consentement, facilement, et à tout moment. Refuser les traceurs doit enfin être aussi aisé que de les accepter.

Pour savoir si vous êtes bien dans les clous au regard de ces nouvelles exigences, il peut être nécessaire d’effectuer un audit de vos sites web et applications mobiles, en faisant éventuellement appel à un professionnel. Cela afin d’identifier les actions permettant de répondre aux exigences de la réglementation.

Dans cette démarche, ne négligez pas les outils mis à disposition par la CNIL. Vous trouverez sur son site une pléiade de conseils pratiques et des exemples concrets de modalités permettant notamment de recueillir un consentement conforme aux règles applicables.

Attention à la prospection par emails non autorisée

Saisie de plusieurs plaintes, la CNIL effectue des contrôles auprès d’une PME spécialisée dans la préparation et la livraison de repas. Elle constate des manquements à l’obligation de recueillir le consentement des personnes prospectées par email : un grand nombre de prospects avaient reçu des messages électroniques sans y avoir consenti, leurs données ayant été collectées sur Internet, ou lorsqu’ils avaient créé un compte sur le site ou l’application sans passer commande.

La société est condamnée à une amende de 20 000 €, et doit mettre ses traitements en conformité avec la réglementation dans un délai de 3 mois, sous astreinte de 500 € par jour de retard (CNIL, 8 décembre 2020, n° SAN-2020-018).

Cybersécurité

Vous devez aussi vous assurer de la sécurité des données de vos clients et utilisateurs, qui peut être menacée par des tiers malveillants. La CNIL met régulièrement les professionnels en garde contre des failles de sécurité, des attaques ciblant les sites commerciaux. Or, il existe des moyens pour se prémunir contre les menaces.

Informez-vous. Attaque par bourrage d’identifiants, injection SQL, chantage à l’ordinateur prétendu piraté… Les formes de cyberattaques sont multiples et n’ont de limite que l’imagination des « cyberpirates » ! C’est pourquoi il faut se renseigner sur les méthodes de piratage les plus courantes, afin de réagir au mieux si l’on est victime. Un certain nombre de supports ont été développés pour aider les TPE à faire face à ce type de menace (voir nota. le site « cybermalveillance.gouv.fr »). Ces ressources doivent vous permettre de maintenir une veille active sur les procédés utilisés par les attaquants et d’adapter, en fonction, votre dispositif de défense.

Renforcez votre cybersécurité. Les professionnels sont aussi fortement incités à mettre en œuvre les mesures de sécurisation nécessaires pour lutter efficacement contre les attaques visant à dérober les données des utilisateurs à des fins malveillantes.

Sous peine de sanction en cas de négligence. L’entreprise qui tarde à adopter des mesures permettant de lutter efficacement contre des attaques répétées encourt une lourde amende.

Alertée par de nombreuses notifications de violations de données personnelles, la CNIL a ainsi été conduite à mener des contrôles auprès d’une société victime de certaines d’attaques. Au terme de ses investigations, elle considère que la société responsable de traitement et son sous-traitant ont tardé à mettre en place des mesures permettant de lutter efficacement contre des attaques répétées. Du fait de leur manque de diligence, les données d’environ 40 000 clients du site ont été rendues accessibles à des tiers non autorisés pendant près d’un an. Les deux sociétés sont condamnées respectivement à 150 000 et 75 000 euros d’amendes.

Des activités mieux encadrées

Relations avec les plateformes en ligne

Si vous développez votre activité auprès de services d’intermédiation en ligne, sachez que la réglementation tend à mieux encadrer que par le passé les relations entre les plateformes numériques et les vendeurs professionnels offrant des biens ou des services aux consommateurs par leur intermédiaire. Les vendeurs sont mieux protégés depuis quelque temps vis-à-vis des plateformes qui sont tenues notamment d’informer les entreprises utilisatrices des motifs de suspension ou de résiliation du service et de respecter les délais de préavis pour modifier les conditions générales.

Transposées aux services d’intermédiation en ligne, les exigences de loyauté et de transparence obligent également les plateformes à indiquer aux entreprises utilisatrices les principaux paramètres déterminant leur classement sur la plateforme ou le moteur de recherche.

Si des manquements à ces obligations sont constatés, les agents de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) peuvent enjoindre à une entreprise d’y mettre fin, le cas échéant sous astreinte.

Google épinglé pour un classement trompeur

Déclenché à la suite de plaintes d’hôteliers, le contrôle effectué par la DGCCRF en 2019 et 2020 établit le caractère trompeur du classement des hébergements touristiques par Google, notamment sur son moteur de recherche. Particulièrement dommageable pour les consommateurs, cette pratique pénalise aussi les établissements présentés à tort comme moins bien classés que dans le classement officiel. Google ayant corrigé ses pratiques à la suite de l’enquête, une transaction pénale a été conclue, à charge pour la société de payer une amende de 1,1 million d’euros (DGCCRF, Communiqué du 15 février 2021).

Des pratiques à proscrire

Face à la montée en puissance du e-commerce, la législation protectrice des consommateurs se durcit. Les pouvoirs de la DGCCRF en sortent renforcés pour lutter efficacement contre les activités illicites. Certaines pratiques autrefois admises doivent être abandonnées.

Illustration : la fin du géoblocage injustifié

Vendre en ligne, c’est s’ouvrir davantage à une nouvelle clientèle potentielle, éventuellement établie hors de France. À cet égard, la réglementation applicable dans l’Union européenne impose de traiter les clients à égalité. Les vendeurs en ligne ont donc désormais l’interdiction de procéder à un géoblocage injustifié.

Les mêmes conditions pour tous. Concrètement, cela signifie que vous ne pouvez pas, pour des motifs liés à la nationalité, au lieu de résidence ou au lieu d’établissement du client :

-bloquer ou limiter l’accès à votre site, ou encore rediriger le client vers une version du site en ligne différente de celle à laquelle il a initialement voulu accéder ;

-appliquer des conditions générales de vente (CGV) différentes ;

-appliquer des conditions différentes pour les opérations de paiement.

Limites. Sanctionnées par des amendes, ces interdictions ne vous empêchent pas cependant de pratiquer des prix différents d’un pays à l’autre, tant qu’ils sont appliqués de façon non discriminatoire à tous les clients. De même, vous n’êtes pas obligé de proposer un service de livraison dans un autre État de l’Union européenne si vous ne livrez pas habituellement hors de France.

Source : E2A expert

Pour rappel voir notre précédent article sur : L’aide du fonds de solidarité au mois de juin et juillet 2021